Si le phare de Richard commence à être bien connu des habitants du Nord-Médoc, son histoire n’en conserve pas moins quelques zones d’ombre sur son utilisation entre 1956 et 1988. Essayons de lever une partie du voile.
Au plus offrant
La construction de la tour actuelle, haute de 18 mètres, a débuté en 1843, pour un premier allumage du feu en 1845.
Rapidement jugée trop petite pour satisfaire les besoins de la navigation, elle est remplacée en 1870 par une tour métallique de 31 mètres de haut. Malheureusement, les modifications du tracé du chenal de navigation et son éloignement de la rive gauche le rendent totalement inutile à partir du début des années 1950.
Une commission nautique locale réunie à Bordeaux le 5 février 1953 s’étant déclarée favorable au déclassement du phare de Richard, ce dernier est entériné le 15 octobre de la même année par le ministre des travaux publics, qui décide la
destruction et la vente à un ferrailleur de la tour métallique, et l’acquisition au plus offrant du domaine du phare comprenant la tour maçonnée et les logements attenants.
Une utilisation dévoyée
Une nouvelle vie commence pour le phare de Richard. Remis au service des domaines en 1956, il est vendu à un particulier.
Et c’est là que les avis divergent : pour certains ce particulier est un libertin qui achète le phare, isolé, pour y organiser des parties fines ; pour d’autres, c’est un proxénète qui va s’offrir le phare pour y mettre ses filles au vert, histoire de leur refaire une santé.
Tout le monde s’accorde sur le fait que cette nouvelle utilisation du phare ne plaisait pas trop aux riverains, qui s’en émurent auprès du maire, lui demandant de faire cesser ces manifestations, bucoliques certes, mais de mauvaises mœurs.
Le retour à l’ordre… moral
Sous la pression locale, et les contraintes consécutives à l’isolement du lieu, le phare va être déserté par son propriétaire et laissé à l’abandon jusqu’en 1984, date à laquelle des jeunes du village, soutenus par la municipalité, décident de restaurer le site. Cette dernière rachète le phare en 1988 et, dix ans plus
tard, porte sur les fonds baptismaux l’association communale du phare de Richard qui va œuvrer sans relâche pour le transformer en ce joyau que nous pouvons admirer aujourd’hui.
Longue vie au phare de Richard !
Jean-Marie Calbet – L’Estuarien n°56, avril 2016