Les carrelets,
Cabanes de pêches typiques des estuaires…
Mais pas seulement!
Clip tourné par Jean-Emmanuel Jay sur le carrelet du phare de Richard,
pour Médoc Atlantique Tourisme.
Un peu d’histoire
Nous n’avons pas de date précise concernant l’origine de la pêche au carrelet mais il est possible de situer l’apparition de cette technique avant le XVIIe siècle. En effet, dans la première édition du « Dictionnaire de l’Académie Françoise » en 1694, nous trouvons le mot « quarrelet ». La définition qui est donnée est la suivante : « sorte de poisson de mer qui est plat et a de petites taches rouges. Signifie aussi une sorte de filet dont on se sert pour prendre du poisson ».
De nos jours encore, le mot « carrelet » a cette double acception, désignant tant le filet qu’une espèce de poisson : la plie commune (Pleuronectes platessa).
Un peu plus tard, en 1751, dans le tome 2 de la première édition de l’encyclopédie de Diderot et D’Alembert, nous trouvons le mot carrelet avec les définitions suivantes : « poisson de mer de la classe des poissons plats » et « espèce de filet pour la pêche : il doit avoir six piés en quarré et la maille assez large ; car plus la maille est grande, plus le carrelet est facile à lever de l’eau, commodité qui n’est pas à négliger ».
Une définition plus précise nous sera donnée par Henri Louis Duhamel Du Monceau, dans son « Traité des pêches et histoire des poissons qu’elles fournissent », écrit dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle : « Le filet qui sert pour cette pêche est une nappe simple et quarrée, laquelle à 6, 7 ou 8 pieds de côté. Elle est toujours bordée d’une corde qui n’est pas grosse mais qui doit être forte et bien travaillée. On forme à chaque coin de la nappe, avec la corde qui la borde, un œillet pour recevoir le bout des perches courbes dont nous allons parler. On a deux perches légères et pliantes plus longues que la diagonale du filet ; on les plie en portion de cercle, pour en passer les bouts dans les œillets qu’on a formés aux angles de la nappe. On lie ensuite ces perches courbes à l’endroit où elles se croisent et la même corde sert aussi à attacher le carrelet à l’extrémité d’une autre perche, qui est faite d’un bois léger et plus ou moins longue, suivant la profondeur de l’eau où l’on veut pêcher et la distance qu’il y a depuis le bord de l’eau où l’on s’établit jusqu’à l’endroit où l’on se propose de tendre le filet ».
Dans le même ouvrage, on trouve aussi la définition du carrelet embarqué : « Quelques pêcheurs font une pêche à peu près semblable, avec de petits bateaux, soit dans les étangs, soit à la mer à portée de la côte. Ils élèvent à l’arrière du bateau un chandelier, ou un montant de bois, qui se termine au bout d’en-haut par un enfourchement, ou qui porte une grosse boucle, ou un boulon de
fer, ce qui est nécessaire, afin d’avoir un point d’appui qui leur procure de la force pour tirer de l’eau un grand carrelet que l’on nomme : calen »
Duhamel Du Monceau relève aussi la présence à Saint-Palais-sur-Mer d’un « établissement singulier qui mérite d’être décrit. Les pêcheurs de ce petit lieu ont imaginé de faire un échafaudage sur des rochers d’où ils peuvent mettre à la mer des chaudrettes dans lesquelles ils prennent beaucoup de crevettes ». On peut assimiler cet échafaudage à la plate-forme et à la passerelle de nos carrelets actuels ainsi que les chaudrettes aux balances utilisées aujourd’hui pour la pêche aux crevettes.
Source : La pêche au carrelet sur l’arc atlantique par l’Union des carrelets de l’arc atlantique, fiche d’inventaire au patrimoine culturel immatériel 2021.