Comme les autres marégraphes de la côte médocaine, celui de Richard est un appareil mesurant les variations de la mer, en enregistrant automatiquement les mouvements du flux et du reflux. Il est installé sur un ponton en béton, au large de Jau-Dignac-et-Loirac.
Chalazon invente le marégraphe
C’est en 1842 que l’ingénieur hydrographe Chalazon inventa le marégraphe pour la réalisation de travaux maritimes. Un marégraphe est composé d’un puits communiquant avec la mer. Un flotteur cylindrique placé dans ce puits transmet son mouvement à un stylet, grâce à des câbles et des poulies. Le
stylet trace une courbe sur une feuille graduée, placée sur un tambour entraîné par le mécanisme d’une horloge de précision. Cela permet de lire directement I’heure et la hauteur de la marée. Ce genre de marégraphe est d’une grande fiabilité, à condition de bien le caler par rapport au zéro hydrographique(1).
De nombreuses utilisations
L’utilisation du marégraphe est multiple. Il indique la hauteur de la marée par rapport au zéro hydrographique. Ces données sont utiles pour la navigation des navires, le réglage des filets de pêche (il est nécessaire de connaître la hauteur d’eau lorsque l’on veut positionner le bas des filets à une certaine hauteur du fond), la construction des digues des quais et des ouvrages marins. Les données d’un marégraphe permettent également de prédire des inondations (une surcote en amont permettra de déclencher des alertes pour l’aval). Les informations procurées par les marégraphes sont aussi utilisées pour rédiger avec le plus de précision possible les annuaires de marées. Enfin, l’établissement des cartes marines avait également recours aux informations livrées par les marégraphes.
Un instrument obsolète
Comme les autres stations marégraphiques de la Gironde, celle de Richard est équipée d’un marégraphe à flotteurs et d’un potentiomètre entrainé par le système d’enregistrement du marégraphe. La tension délivrée par le potentiomètre est transformée en message codé et retransmise par radio aux
capitaineries des ports ainsi qu’aux navires.
Aujourd’hui, ce genre de marégraphe n’est plus utilisé. Il existe des marégraphes à pression, ainsi que des mesures des hauteurs d’eau par satellite.
(1) : Le zéro hydrographique est le niveau de référence des cartes marines et des
annuaires de marées. Il est voisin du niveau des plus basses mers astronomiques. C’est-à-dire d’une marée de coefficient 120. Voir Henri Vallot, Le coefficient de marée, une spécificité française, L’estuarien n° 5, juillet 2003. (ndlr)
Henri Vallot – L’Estuarien n°57, juillet 2016